Le jardin est un véritable havre de paix où l’on aime se retrouver dès que le beau temps pointe le bout de son nez. Mais lorsque la pluie s’invite, les réservoirs à eau de pluie se remplissent et les plantes bénéficient d’un arrosage naturel. Cependant, cette humidité ambiante, combinée à des températures douces, encourage le développement de maladies cryptogamiques causées par des champignons microscopiques. Cloque, mildiou, tavelure… Découvrez dans cet article ces maladies et les différents moyens de limiter leur propagation pour préserver les végétaux de votre jardin.
Les maladies cryptogamiques : qu’est-ce que c’est ?
Une maladie cryptogamique ou fongique, est une maladie causée par un champignon parasite. Autrefois, les champignons étaient classés dans la famille des plantes cryptogames. Le nom de maladie cryptogamique est resté même si les champignons ont changé de branche de classification.
Les maladies cryptogamiques représentent 90% des maladies affectant les végétaux du jardin. Les spores des champignons, transportées par le vent, la pluie, les hommes, les animaux ou conservées dans le sol, se déposent sur la plante pour venir la parasiter. Le champignon se développe et entre dans la plante sous forme de filaments que l’on appelle mycélium. Il pénètre les tissus en traversant l’épiderme par voie naturelle ou en profitant de blessures. A ce stade de l’infection, aucun symptôme n’est visible sur la plante. Une fois qu’ils sont apparus (taches sur feuille et rameau, nécrose…), il est trop tard pour soigner la plante, mais il est toujours possible de limiter la propagation de la maladie.
L’alternariose : plus fréquente que le mildiou de la tomate
Commune dans les potagers familiaux, l’alternariose des Solanacées (Alternaria solani) est préjudiciable en plein air comme sous tunnel plastique. Contrairement au mildiou, cette maladie fongique est capable de se déclencher en période peu humide, mais demande des températures plus élevées. Elle est donc naturellement présente lors des printemps doux et pluvieux, ainsi qu’en été où elle profite des rosées matinales, des petites pluies ou des averses orageuses pour se développer.
Le champignon évolue au fur et à mesure des précipitations, les dégâts s’accentuant lorsque la culture est en condition de stress (carences nutritives, etc.). L’intensité de la maladie n’est pas liée à la pression de l’inoculum à chaque cycle, mais à la succession de cycles rapprochés. Sous abri, son apparition est précoce grâce aux gouttelettes de condensation formées sur le film plastique simple paroi qui permettent la sporulation du champignon.
Dans un potager, il est important de surveiller les tomates primeurs qui sont exposées aux premières contaminations d‘alternaliose et qui risquent ensuite de propager la maladie sur les plantations plus tardives.
Symptômes de l’alternariose
L’alternariose peut contaminer la tomate dès le stade plantule. Elle forme une ceinture brune autour des tiges, entraînant la mort de nombreux jeunes plants. Les feuilles jaunissent avant de tomber. Mais d’ordinaire, la maladie se manifeste plus tard en pleine terre, d’avril à octobre.
Elle provoque d’abord des petites taches brunes, sèches, de tailles variables sur les folioles. Ces macules, souvent entourées d’un halo jaunâtre, s’agrandissent et présentent des motifs concentriques. Le feuillage infecté se dessèche rapidement, surtout après les pluies. Sur les tiges, on constate des taches ovales concentriques, grises ou brunes. Les sépales se nécrosent et les fruits (même les tomates vertes) accusent des taches marron au centre noir. Certaines plages noires, concaves, de 1 à 2 centimètres, se forment à la base du calice (point d’attache du pédoncule, en haut du fruit). La durée d’incubation du champignon est au minimum de deux jours.
Le mildiou : des symptômes graves
Provoqué par un organisme aquatique proche des algues, le mildiou (Phytophthora infestans) sévit dès le printemps sur les jeunes plants, puis se dissémine avec le vent et la pluie, avant d’infecter les tissus en présence d’eau ou d’une forte humidité et de températures comprises entre 10 et 25° Celsius. Dans ces conditions, il suffit de 2 heures d’humectation des feuilles pour déclencher une infection.
L’expression des symptômes est ensuite rapide, voire fulgurante après la phase d’incubation : taches foliaires translucides, puis plages d’aspect huileux avec un centre noir et une marge livide, brunissement de la nervure principale, flétrissement des folioles, taches brunes encerclantes sur les pétioles, les pédoncules et les tiges. Sur le pourtour des fruits, des taches brunes marbrées peuvent apparaître, avec un bosselage cuivré et un duvet blanchâtre.
Lorsque la température dépasse 30° Celsius, le mildiou est inactivé, mais non détruit. Il peut ainsi redevenir virulent dès que les facteurs météo lui sont à nouveau favorables.
Mesures préventives, prophylactiques et biocontrôle
Pour prévenir l’apparition de maladies cryptogamiques dans votre jardin, il est important de respecter certaines règles. Tout d’abord, choisissez des plants sains et résistants aux maladies. Évitez de planter des végétaux trop près les uns des autres pour favoriser la circulation de l’air et limiter l’humidité. Arrosez vos plantes au pied et non sur le feuillage pour éviter la stagnation d’eau. Enfin, nettoyez régulièrement vos outils de jardinage pour éviter la propagation de maladies.
Si, malgré toutes ces précautions, vos plantes sont atteintes de maladies cryptogamiques, il est important de réagir rapidement pour limiter la propagation. Supprimez les parties atteintes de la plante et détruisez-les pour éviter la contamination des autres végétaux. Il est possible d’utiliser des méthodes naturelles comme la décoction d’ail ou de prêle, ou encore la bouillie bordelaise.
La décoction d’ail est un fongicide naturel qui peut être efficace contre l’alternariose et le mildiou. Pour la préparer, il suffit de faire bouillir une dizaine de gousses d’ail écrasées dans un litre d’eau pendant une vingtaine de minutes. Il est important de laisser refroidir la décoction avant de la filtrer et de la pulvériser sur les feuilles atteintes.
La décoction de prêle est également un fongicide naturel reconnu pour son efficacité contre de nombreuses maladies cryptogamiques. Pour la préparer, il suffit de faire bouillir une centaine de grammes de prêle séchée dans un litre d’eau pendant une trentaine de minutes. Il est important de laisser refroidir la décoction avant de la filtrer et de la pulvériser sur les feuilles atteintes.
La bouillie bordelaise est un fongicide à base de cuivre qui peut être utilisé pour traiter les maladies cryptogamiques. Il est important de bien respecter les doses et les précautions d’emploi mentionnées sur l’étiquette du produit. La bouillie bordelaise est à pulvériser sur les feuilles atteintes après avoir coupé et éliminé les parties malades de la plante.
Un problème mais pas une fatalité
Les maladies cryptogamiques peuvent causer de nombreux dégâts dans votre potager. Pour les prévenir, il est important de respecter certaines règles et de choisir des plants sains et résistants aux maladies. Si vos plantes sont atteintes, réagissez rapidement pour limiter la propagation et utilisez des produits de biocontrôle pour lutter contre les maladies. En suivant ces conseils, vous pourrez profiter pleinement de votre jardin, même lorsque la pluie s’invite.