Quand on pense à la décarbonation de la mobilité automobile, la première idée qui vient à l’esprit est la voiture électrique. Toutefois, cette solution n’est pas la seule pour réduire les émissions de carbone liées à la mobilité des personnes. En réalité, une approche multifactorielle est nécessaire, intégrant divers leviers pour atteindre cet objectif. Dans cet article, nous allons explorer les différentes méthodes pour décarboner la mobilité automobile, en mettant l’accent sur le covoiturage, une solution souvent négligée mais potentiellement très efficace.
Réduire les Distances et Favoriser les Transports Collectifs
La réduction des distances parcourues est un levier crucial pour diminuer les émissions de carbone. Thomas Matagne, président fondateur de l’opérateur de lignes de covoiturage Ecov, souligne que réduire les distances et basculer vers des transports collectifs ou la mobilité active sont des facteurs essentiels de décarbonation. Encourager les gens à vivre plus près de leur lieu de travail ou à utiliser les transports en commun peut significativement diminuer la dépendance à la voiture individuelle.
Les transports collectifs jouent un rôle clé dans cette stratégie. Ils permettent de transporter un grand nombre de personnes avec une empreinte carbone réduite par rapport aux voitures individuelles. De plus, l’aménagement urbain et les infrastructures de transport doivent être repensés pour favoriser la mobilité active, comme le vélo et la marche, ce qui contribue également à réduire les émissions.
Le Covoiturage : Une Solution Efficace mais Sous-exploitée
Le covoiturage est souvent sous-estimé dans les discussions sur la décarbonation. Actuellement, le taux d’occupation moyen des voitures est de 1,4 personne, ce qui signifie que 10 voitures transportent en moyenne seulement 14 personnes. En optimisant ce taux d’occupation, il est possible de réduire le nombre de véhicules sur les routes et, par conséquent, les émissions de CO2.
Thomas Matagne explique que l’augmentation du taux d’occupation des voitures est une opportunité majeure. En effet, si chaque voiture transportait en moyenne 1,8 personne au lieu de 1,4, cela permettrait de réduire considérablement le besoin de nouvelles voitures, évitant ainsi la fabrication et l’achat de millions de véhicules électriques. Cette approche est non seulement plus économique, mais également plus durable en termes de ressources.
Le Développement du Covoiturage en France
En France, le gouvernement a reconnu l’importance du covoiturage et a lancé fin 2022 une « prime covoiturage » de 100 euros, qui a déjà convaincu 200 000 nouveaux covoitureurs en 2023. Malgré cela, seuls 3% des trajets du quotidien sont effectués en covoiturage. Pour remédier à cette situation, l’État a lancé un plan national covoiturage du quotidien visant à atteindre 3 millions de trajets covoiturés par jour d’ici 2027.
Ce plan inclut un investissement de 150 millions d’euros pour financer des primes et soutenir le développement d’aires de covoiturage et de lignes de covoiturage. Un an après son lancement, le nombre de trajets quotidiens covoiturés a doublé, passant de 20 000 à 40 000. Ces chiffres montrent que les initiatives gouvernementales commencent à porter leurs fruits, mais qu’il reste encore beaucoup à faire.
Les Infrastructures et les Acteurs du Covoiturage
Pour que le covoiturage devienne une solution viable à grande échelle, des infrastructures adéquates sont nécessaires. En France, des voies réservées au covoiturage commencent à apparaître, notamment à Rennes, Grenoble, et Paris. Ces aménagements permettent de réduire le temps de trajet pour les covoitureurs et encouragent cette pratique.
De nombreux acteurs économiques contribuent également au développement du covoiturage. Des entreprises comme Blablacar, Mobicoop, et Ecov offrent des solutions innovantes pour faciliter le covoiturage quotidien. Ces plateformes jouent un rôle crucial en rendant le covoiturage plus accessible et plus attractif pour les utilisateurs.
Exemples Concrets d’Usage du Covoiturage
Le covoiturage ne se limite pas seulement aux trajets domicile-travail. Il peut aussi s’intégrer de manière fluide dans d’autres aspects de notre quotidien. Par exemple, de nombreux parents utilisent le covoiturage pour les activités sportives de leurs enfants. Au lieu que chaque parent prenne sa voiture pour amener ses enfants au football, au basket ou à la danse, ils peuvent s’organiser en groupes pour se relayer. Même chose pour les week-end pour les compétitions. Non seulement cela réduit le nombre de voitures sur la route, mais cela permet aussi aux parents de gagner du temps et de réduire les coûts de carburant.
De même, le covoiturage est idéal pour les sorties entre amis ou les déplacements vers des événements spéciaux comme les concerts, les festivals ou les mariages. Plutôt que de voyager chacun de son côté, les groupes peuvent partager une voiture, ce qui est plus économique et convivial. Pour les trajets réguliers, comme les courses hebdomadaires ou les visites familiales, le covoiturage offre une alternative pratique qui peut devenir une habitude bénéfique à long terme. En adoptant ces pratiques, nous pouvons tous contribuer à une mobilité plus durable et à la réduction des émissions de CO2.
L’augmentation du Taux d’Occupation, la Solution ?
La décarbonation de la mobilité automobile nécessite une approche holistique, intégrant la réduction des distances, l’utilisation des transports collectifs et l’augmentation du taux d’occupation des véhicules. Le covoiturage, bien que souvent négligé, est une solution efficace qui, avec un soutien adéquat en infrastructures et politiques publiques, peut significativement contribuer à la réduction des émissions de CO2.
La France, avec ses initiatives récentes, montre la voie en matière de covoiturage. Cependant, pour que cette pratique devienne courante, il est essentiel de continuer à investir dans des infrastructures et des campagnes de sensibilisation. En combinant ces efforts, il est possible de créer une mobilité plus durable et plus respectueuse de l’environnement.