La construction en bottes de paille est souvent perçue comme une option écologique, mais elle suscite encore des doutes quant à sa résistance au feu. Pourtant, des tests réalisés depuis plus de 10 ans en Europe montrent que ces constructions sont étonnamment résistantes aux incendies. Comment un matériau naturel si sec peut-il résister aussi bien aux flammes ? Plongeons dans les détails pour comprendre ce phénomène fascinant.
Feu et Bottes de Paille : Une Combinaison Surprenante
Les Tests au Feu Européens
Bien que sous le feu des projecteurs depuis de nombreuses années, la construction en bottes de paille a toujours su garder son sang-froid. Aucun test européen de réaction au feu n’a ménagé sa surprise devant ses remarquables performances. En caissons préfabriqués ou en bottes dans une ossature bois, la paille n’a jamais fléchi. Au contraire, elle démontre être structurellement plus fiable que d’autres matériaux comme l’acier ou les blocs de parpaings.
Réaction et Résistance au Feu
De manière générale, ces tests mesurent deux choses : la réaction au feu, qui indique à quel point un matériau est inflammable, et la résistance au feu, qui indique à quel point un matériau limite la propagation du feu. Bien que la réaction initiale au feu de la botte de paille soit indiscutable, sa résistance aux flammes s’avère être très élevée. C’est cette qualité de résistance au feu qui fait toute la différence et place la botte de paille en haut du tableau.
Les Résultats des Tests
Selon les tests menés par le Réseau Français de la Construction Paille en 2010, la botte de paille enduite de chaux obtiendrait une classification B s1 d0. Cela signifie que la paille est faiblement combustible, produit peu de gaz combustibles et ne produit aucune gouttelette ou débris enflammés. D’autres essais concluent également une résistance au feu de 85 minutes. Ces résultats sont consultables dans le rapport “Comportement de la paille vis-à-vis du risque d’incendie”.
L’Union Fait la Force
La Technique de Mise en Œuvre
Pourtant, comment expliquer cette résistance surprenante venant d’un matériau au demeurant si rapidement inflammable ? La réponse réside dans la technique de mise en œuvre. Utilisée en vrac, la paille seule serait inutilisable, voire dangereuse dans le bâtiment. Elle isolerait moins, s’enflammerait à la moindre étincelle et serait un repère à rongeurs et autres habitants de l’ombre.
La Densité de la Botte de Paille
Mais liée en bottes solides, ficelées en paquets denses, elle devient la reine de la construction écologique. Impénétrable, incontournable et durable, comme les blés tendres qu’elle portait jadis. Du fait de sa densité, qui varie idéalement entre 80 kg/m³ et 120 kg/m³, la botte de paille empêche les flammes de la consumer. Il va de soi que pour progresser, le feu a besoin d’oxygène et il n’en trouve pas assez dans les murs en paille.
L’Analogie avec le Papier
L’analogie avec le papier est très parlante. Admettons, par exemple, que le papier – surtout froissé – est facilement inflammable. Pourtant, disposé sous la forme dense d’un annuaire téléphonique, ce n’est plus la même histoire. Il devient alors quasiment impossible d’en venir à bout par la seule action des flammes. C’est exactement le même phénomène qui est à l’œuvre avec la botte de paille.
Les Pare-Feux Naturels
La Protection par les Enduits
Si la botte de paille nue souffre d’une mauvaise note en termes de réaction au feu (classe E), elle ne craint plus du tout les flammes une fois enduite. En conséquence, les bottes étant systématiquement protégées par un enduit à la terre ou un enduit à la chaux, la question de cette fragilité ne se pose plus. La maison en paille possède ses pare-feux naturels.
La Faible Production de Fumées Combustibles
Un autre élément participant à la bonne note de la botte de paille dans ces batteries de tests est sa faible production de fumées combustibles. En chauffant puis en brûlant, tous les matériaux dégagent des fumées toxiques et inflammables (particulièrement les matériaux conventionnels synthétiques). À partir de 600°C, ces fumées qui contiennent des gaz et de la suie, peuvent s’enflammer spontanément. Voire exploser ! Ainsi, dans un grand nombre d’incendies, les fumées toxiques, en plus d’être les premières causes de décès (80%), sont les principales propagatrices du feu.
L’Ossature Bois : Un Allié Inattendu
La Stabilité du Bois
Absolument pas, bien au contraire ! Même si cela semble contre-intuitif, le bois reste un élément relativement stable lors d’un incendie. Les raisons sont les suivantes : le bois ne transmet que peu la chaleur, en comparaison, le béton la transmet 10 fois plus vite et l’acier 250 fois plus vite. Le bois carbonisé crée une couche protectrice sous forme de charbon. Contrairement à l’acier, le bois ne se déforme pas à haute température. Ceci étant décisif pour la bonne tenue de la structure.
La Vitesse de Carbonisation
On considère que le bois massif et le lamellé-collé se consume à raison d’1 cm par face et par 1/4 d’heure. Les panneaux bois oscillent à environ 1,5 cm par face et par 1/4 d’heure. On retient généralement une vitesse de carbonisation du bois de 0,7 mm par minute.
Attention aux idées reçues
La maison en bottes de paille ne brûle pas plus vite qu’une autre, au contraire. Les tests au feu réalisés en Europe montrent que ce matériau naturel résiste étonnamment bien aux incendies. Grâce à sa densité et à la technique de mise en œuvre, la paille devient un matériau de construction écologique et sûr. Alors, si vous envisagez de construire une maison en paille, soyez rassuré : le grand méchant loup a du souci à se faire !