Résilient: le mot de l’année 2023. Lorsqu’on nous dit que nous devons réduire de moitié nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, cela ne concerne pas seulement une réorganisation complète de nos systèmes énergétiques (décarbonation profonde). Nous devons y voir une transformation de nos vies quotidiennes. Nombreux parlent de la nécessité d’une “transformation profonde”. Une modification de nos valeurs et de notre connexion à la Terre. La nécessité d’un changement social doit s’opérer.
Mais que signifie exactement cette transformation au quotidien pour la majorité d’entre nous, et quels sont les obstacles?
Les barrières socioculturelles opposées à un changement quotidien
Beaucoup évoquent vaguement la nécessité d’un changement dans nos objectifs économiques pour avancer de manière plus durable. Certains évoquent également les niveaux accrus de bonheur que nous pourrions ressentir en vivant de manière plus simple. Cependant, ces idées, bien qu’utiles, ne suffisent pas à nous inciter à agir. Elles ne font pas référence aux paradigmes actuelles et ne tiennent pas compte des barrières socioculturelles qui se dressent sur notre chemin.
Être résilient et les barrières pratiques du quotidien
Il existe deux types de barrières socioculturelles principales qui entravent les changements quotidiens nécessaires. D’une part, les barrières pratiques, telles que la nécessité d’acquérir de nouvelles compétences pour créer des communautés régionalement autosuffisantes. D’autre part, les barrières socioculturelles intangibles résultant de notre identité et de notre statut socio-économique liés au travail dans une économie axée sur le profit.
Prenons l’exemple de la transformation de nos cours en potagers. Souvent délaissés, nos espaces extérieurs peuvent être des sources abondantes de nourriture locale. Cependant, le passage de la pelouse ordinaire à une ferme urbaine nécessite du temps, de l’apprentissage, et un changement dans nos perceptions du travail et de l’effort quotidien. C’est un défi pratique qui demande non seulement de développer de nouvelles compétences, mais aussi de surmonter l’inertie culturelle et sociale qui maintient la plupart d’entre nous dans les habitudes familières.
Les risques sociaux liés à la durabilité
Les activités quotidiennes d’autosuffisance, appliquées en milieu urbain ou suburbain, engendrent des risques sociaux importants en raison de notre identité et de notre statut socio-économique liés au travail. Il est crucial de comprendre ces risques pour les contourner.
Imaginons que vous décidez de créer une ferme urbaine dans votre jardin. Vos voisins pourraient ne pas comprendre immédiatement le changement. Ils pourraient se demander pourquoi votre jardin est soudain “différent” ou pourquoi vous n’allez plus au supermarché. Il y a un risque de marginalisation sociale, de commentaires maladroits ou même de résistance.
Les valeurs socioculturelles profondément enracinées
Des valeurs socioculturelles profondément enracinées entravent également ces changements. Par exemple, la dépendance au voyage en avion, enracinée dans des croyances privilégiées, rend difficile l’abandon de ce mode de déplacement malgré son impact sur l’environnement.
Identité et occupation
L’occupation, plus que tout autre aspect de nos vies, définit notre identité. Les barrières au changement sont renforcées par la manière dont nous utilisons le matérialisme pour signaler notre identité et juger les autres. Changer nos identités basées sur le travail est plus difficile que de parler vaguement de gains potentiels dans nos vies et notre bonheur.
Imaginez que vous décidiez de quitter votre emploi de bureau pour lancer une entreprise de compostage à vélo. Initialement, cela peut être mal compris par votre entourage. Vos amis peuvent se demander pourquoi abandonner la sécurité d’un emploi traditionnel pour quelque chose de si différent. Cela peut entraîner des regards perplexes ou des questions sur le sérieux de son choix. Pourtant vous êtes toujours la même personne, avec les mêmes valeurs, mais il faudra expliquer votre cheminement, être pédagogue. C’est la redéfinition de votre identité. Votre identité perçue est fonction de la personne qui vous regarde.
Imaginer une transition vers des modes de vie résilient
Il est essentiel d’imaginer la transition vers des modes de vie durables et d’explorer ce que cela signifierait pour notre identité. La transition vers des activités plus durables nécessite un changement non seulement au quotidien mais aussi socialement, rendant ces activités visibles et viables pour les autres.
Le Défi de la Transformation Culturelle
En résumé, nos identités sont liées à ce que nous faisons pour gagner notre vie, et la manière dont nous le faisons doit changer radicalement pour parvenir à des modes de vie et de travail vraiment régénératifs et durables.
Affronter le regard des autres
Bien que le changement puisse entraîner des regards sceptiques de la part des autres, il est possible de devenir des précurseurs de ce changement au lieu de suivre aveuglément les règles socio-économiques actuelles. Cela peut impliquer des choix impopulaires, mais cela peut aussi conduire à un mode de vie plus préparé, intégré dans la communauté et, soyons honnêtes, plus heureux.
Actions nécessaires pour un avenir durable et résilient
Pour ceux prêts à affronter les regards critiques, voici un résumé des actions nécessaires pour sauver la planète et nous-mêmes :
- Revoir notre relation aux transports: Éviter les voyages en avion autant que possible. Utiliser des modes de transports plus souples quand c’est possible.
- Collecter l’eau de pluie et réutiliser les eaux grises.
- Adopter des stratégies de compostage et de construction écologique.
- Cultiver de la nourriture dans nos jardins et sur nos balcons.
- Chauffer et refroidir nos maisons de manière passive.
- Élever des animaux de petite taille pour la nourriture et le fumier.
- Utiliser des toilettes à compost.
- Chauffer l’eau avec le soleil.
- Rationner la viande, le carburant et de nombreux biens et services.
- Partager nos foyers.
Opérer des changements fondamentaux dans nos occupations
Stabiliser notre système social exige des changements fondamentaux dans nos occupations, identités et valeurs. Il est crucial de reconnaître que chaque individu peut devenir un acteur résilient du changement, contribuant à la mesure de ses possibilités. Cette transition vers la durabilité est une démarche, une aventure personnelle et collective.
Il est important de comprendre qu’être résilient ne se construit pas en un jour. Chacun peut progressivement intégrer des actions durables dans sa vie, surmontant les obstacles socioculturels et pratiques. En devenant des pionniers du changement, nous pouvons inspirer et encourager ceux qui nous entourent à suivre cette voie vers un avenir plus équilibré. C’est un voyage continu, mais chaque petit pas compte pour construire un monde plus durable et résilient.